Dès que l’on souhaite créer son entreprise se pose la question du compte bancaire. Que l’on soit en statut autoentrepreneur ou en statut SAS, SARL ou équivalent, la législation impose de disposer d’un compte bancaire dédié à son activité professionnelle. Or ces comptes bancaires, dits « pro », sont souvent onéreux (plusieurs dizaines d’euros par mois). Chaque entrepreneur en début d’activité (et donc souvent aux moyens limités) s’est donc posé la question de la meilleure stratégie. Ayant eu l’occasion de tester plusieurs banques dans le cadre de différentes sociétés, je vous présente ici mon retour d’expérience.
Statut micro-entreprise (anciennement autoentrepreneur)
Depuis 2015, la législation impose aux micro-entrepreneurs de disposer d’un compte bancaire dédié à leur activité professionnelle. Si la loi n’impose pas d’avoir un compte bancaire qualifié de « professionnel » par les banques, les banques poussent néanmoins leurs clients à ouvrir ce type de compte, bien plus lucratif qu’un compte bancaire « particulier ». Néanmoins, sachez qu’un compte dit « particulier », mais sur lequel on effectuera que des encaissements et décaissements pour son activité professionnelle est légal et amplement suffisant. Un compte bancaire gratuit de type Boursorama ou Fortuneo devrait donc être, dans la pratique, parfaitement adapté à une activité d’autoentrepreneur et surtout, offrir une solution à coût nul. Cependant, la réalité est bien moins rose. Pour des raisons obscures, ces banques interdisent l’usage de leur compte bancaire pour des activités professionnelles. On trouve cette mention en tout petit dans les multiples lignes des conditions générales d’utilisation des services bancaires. Vous me direz néanmoins : « comment une banque comme Boursorama ou Fortuneo peut-elle savoir que j’utilise mon compte pour une activité professionnelle ? ». Et bien tout simplement en analysant les prélèvements de l’URSSAF. En effet, à partir du moment où vous adhérez aux prélèvements sociaux en ligne (ce qui est par ailleurs obligatoire dès que votre chiffre d’affaires dépasse 50% des seuils du régime micro-fiscal), vous devez transmettre à votre banque une autorisation de prélèvement interentreprises. Celle-ci verra donc que vous mettez en place un prélèvement professionnel à destination de l’URSSAF et le bloquera automatiquement. Pour l’avoir expérimenté, la sanction est drastique. De fait, l’URSSAF verra son prélèvement rejeté et vous appliquera automatiquement des pénalités de non-paiement. Bref, ce n’est pas joyeux.
Donc si la législation n’impose rien quant au type de compte bancaire, dans la pratique, on constate que les banques ont mis en place un système visant à obliger les autoentrepreneurs à se tourner vers des comptes « professionnels ». Et la raison est simple. Aujourd’hui, une banque vit principalement des revenus professionnels. Quel intérêt aurait-elle à se priver de cette vache à lait ?
Heureusement, certaines banques ont compris qu’il existait un marché et se sont engouffrées dans la brèche. En tête de liste, Axa Banque, avec sa banque en ligne Soon. Totalement gratuite et à destination des particuliers, c’est la seule banque en ligne qui accepte l’utilisation de ses services pour un usage d’auto-entrepreneur. Soon a même poussé le concept de la banque en ligne uniquement sur smartphone et tablette. En effet, la seule manière de souscrire à leur offre est d’utiliser une app Android ou iOS. On aime, ou pas, (j’avoue que le concept ne me dérange pas, mais qu’une version Windows Phone fait cruellement défaut. Soon, si vous me lisez, je suis hyper intéressé :-)), mais dans la pratique l’ouverture d’un compte bancaire se fait en 5 minutes en photographiant avec son téléphone ou sa tablette ses pièces justificatives. Et rien que ça, c’est génial. Je n’ai pas encore eu le plaisir de tester leur service client, j’espère qu’il sera à la hauteur, je vous en ferai part.
Si vous n’aimez pas la banque en ligne, la seule offre alternative que j’ai trouvée est celle du CIC qui offre un service gratuit si votre chiffre d’affaires trimestriel est inférieur à 3000€ et propose sinon une offre à tarif réduit à 13,05€TTC par mois (vois plus de détails ici). D’après certains commentaires trouvés sur internet, il serait possible de négocier avec d’autres banques des services pour autoentrepreneur à tarif négocié (voire gratuit). N’hésitez donc pas à partager votre expérience dans les commentaires.
Tarifs | Commentaires | |
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Fortunéo / Boursorama | Usage impossible pour un statut auto-entrepreneur. | |
Soon (Axa Banque) | Gratuit | Banque 100% en ligne qui accepte les auto-entrepreneurs. |
CIC | Gratuit si CA < 3000€/trimestre 13,05€TTC sinon | Seule banque physique à proposer des tarifs négociés. |
Statut d’entreprise « classique » (SARL, EURL, EIRL, SAS, SA…)
Si vous créez votre entreprise avec un statut « classique », c’est-à-dire hors du cadre du micro-entrepreneur, vous allez obligatoirement devoir passer par un compte professionnel. Dans ce cas, je vous invite très fortement à rencontrer plusieurs banquiers et à discuter avec eux des tarifs. En effet, les tarifs affichés peuvent dans la plupart des cas être négociés pour des périodes plus ou moins longues (en général vous pouvez avoir entre 1 à 2 ans de services à 50% et parfois 3 à 6 mois gratuits). Les tarifs (pour des prestations similaires) sont également très variables en fonction des banques (du simple au double).
Un autre critère de choix à ne pas sous-estimer est la connaissance de votre banque du milieu startup et des aides financières associées. En effet, la BPI (Banque Publique d’Investissement) propose souvent des aides sous forme de prêts, dont les banques classiques disposent de la délégation de gestion. Or peu de banquiers sont au courant de ces offres. Dans la pratique, BNP Paribas s’est dotée d’un réseau appelé « Maison des Entrepreneurs » dans lequel vous trouverez des conseillers très compétents. C’est donc une très bonne banque pour les nouveaux entrepreneurs. Le revers de la médaille est que c’est une banque assez chère et qui pratique une politique commerciale très douteuse. En effet, assez fréquemment des prélèvements de frais non justifiés sont effectués sur votre compte pour des montants variant entre 10€ et 100€. Si vous n’êtes pas attentif et ne demandez pas à votre conseiller de vous rembourser ces prélèvements (ce qu’il a toujours fait sans rechigner, heureusement), vous pouvez exploser vos coûts de gestion. J’avoue que c’est vraiment énervant. Ainsi sur un an, ce sont 295€HT qui nous ont été prélevés (et rétrocédés). Cette pratique à elle seule m’inciterait à ne pas vous recommander la BNP. Néanmoins je pense que d’autres banques disposent de pratiques identiques et la BNP offre un réseau de conseillers vraiment compétents. Concernant les frais mensuels, nous avons pu négocier un tarif de 27€HT par mois.
J’ai également eu l’occasion de tester une autre banque dans le cadre d’une activité professionnelle : la Société Générale. Assez chère (37€HT par mois), nous avions également pu négocier un tarif de 27€HT par mois, mais pendant un an seulement. La Société Générale n’a jamais effectué de prélèvements non justifiés, néanmoins ses conseillers étaient moins à l’aise avec les startups. C’est donc plutôt une banque que je conseillerais pour PME plus « classiques ».
Tarifs | Commentaires | |
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BNP Parisbas | Négociable à 27€HT / mois | Pratiques commerciales parfois douteuses (prélèvements de frais non justifiés). Grande compétence pour les startups. |
Société Générale | Négociable à 27€HT / mois (37€HT / mois sinon) | Moins l’habitude de travailler avec des startups que la BNP. |
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